Histoire

Corancez ne s’est pas toujours appelé … Corancez


Une implantation ancienne.

L’étymologie du nom Corancez paraît se rattacher aux monuments celtiques qui jadis étaient très nombreux entre Morancez et Corancez .
Le nom Corancez se compose en fait de trois mots : kor, an, kez.
En langue celtique, kor signifie petit, an ou han signifie bataille, et kez ou keuz, douleur, affliction. Ceci peut être traduit par « petit deuil de la bataille ».
On peut donc supposer que, jadis, les Carnutes perdirent ici une bataille qui se solda par de nombreux morts :
le nom de Corancez, comme d’ailleurs celui de Morancez (mor : grand ; an : bataille ; kez : douleur : « grand deuil de la bataille ») semble donc être relatif à cet événement de l’époque gauloise, probablementvers 57 à 51 avant Jésus-Christ.
D’autres interprétations du nom le relient au polissoir, Corancez signifiant alors « la pierre couchée », Morancez signifiant « la pierre levée » peut-être en référence à un menhir ou à un dolmen, celui-ci est encore existant.


Un nom qui évolue.

Chacun connaît Autricum, l’ancien nom de Chartres quand elle était la capitale des Carnutes avant la conquête romaine. Ce nom signifiait « port sur l’Eure » (autura). Chartres a été rebaptisée vers le IVème siècle en empruntant le nom de ces Carnutes.
De même, le nom de Corancez va évoluer au cours du temps, en conservant ses racines d’origine, en fonction des modes, des évolutions de la langue, de la cohabitation du latin et de ce qui allait devenir le fiançais, ou tout simplement des fantaisies des différents copistes dont le sens de l’orthographe était assez rudimentaire. Les événements historiques contribueront parfois à son évolution. Pendant ces grands événements de notre histoire, notre village et ses habitants – les ancêtres de beaucoup d’entre nous – continueront à vivre, et subiront parfois les aléas politiques et économiques. Ils connaîtront aussi des périodes plus heureuses, sans doute plus rares…
Ainsi, on trouvera, après le nom celtique :
En 954 : Consenîacum : le nom est ici clairement « latinisé ».
Bientôt, en 987, Hugues Capet deviendra roi. Ce sacre marquera le début de la dynastie capétienne, qui évince les carolingiens (de Charlemagne), et a pour but d’étendre considérablement le territoire royal. C’est l’amorce de ce qui deviendra la France. Hugues Capet meurt le 24 octobre 996 près de Prasville. Corancez est alors dans le fief du comte de Blois.

Vers 1150 : Consencioe : c’est le roi Louis VII le Pieux qui règne alors.
En 1137, son mariage avec Aliénor apporte l’Aquitaine au domaine royal. Mais il répudiera Aliénor, qui se remariera avec Henri Plantagenêt en 1152 : l’Aquitaine deviendra anglaise.

En 1162 : Consentiacum 
En 1171 : Corsencioe
La guerre de Cent ans fait rage alors entre la France et l’Angleterre. En 1180 Philippe Auguste sera sacré roi de France et Richard Cœur de Lion régnera de 1189 à 1199.

En 1228 : Cossenceioe : Saint Louis est devenu roi en 1226 à l’âge de 12 ans. La lutte du royaume de France contre Henri III d’Angleterre est toujours vive.

Vers 1250 : Cousencées ; en 1256 : Corsance : C’est toujours la guerre de Cent ans. Saint Louis effectuera plusieurs croisades.

En 1295 : Quozencées : C’est le règne de Philippe le Bel.

1365 : Corenceya : Charles V est roi de France. Bertrand du Guesclin, au service du roi, combat encore les Anglais.

1411 : Corancées : Charles VI, dit le Bien-aimé, ou encore « le Fou » ( !) ou « l’Insensé » est roi. Jeanne d’Arc naît en 1412 à Domrémy, en Lorraine.

1626 : Corenceioé : Louis XIII est devenu roi à l’âge de 9 ans en 1610, à la mort de son père, Henri IV. Marie de Médicis, sa mère est régente et gouvernera le royaume avec Concini, puis Richelieu. En 1626, Louis XIII est roi à part entière depuis 1617 et vient de conclure la paix avec les protestants par le traité de La Rochelle.

1736 : Saint Laurent de Corancez : on a adjoint sous Louis XV le saint patron de Corancez au nom du village.

Après 1789, Corancez perdra bien sûr le nom du saint.

1855 : Corancez : le nom est définitif. Le village compte 72 maisons pour 319 habitants. Il y a deux habitations à l’écart : « la Folie » où 6 personnes résident (proche du bois des Marais), et « Le Moulin », plus proche, où vivent 9 personnes. Les Français vivent sous le second Empire depuis 1852, et Napoléon III est devenu Empereur par un plébiscite.En 1855, La France participe à la guerre de Crimée contre la Russie ; La France y perdra 95000 hommes.

Voici enfin ce que disait de notre commune le journaliste de la dépêche d’Eure et Loir (l’ancêtre de l’Écho Républicain), du mardi 23 avril 1901, lequel relatait le crime perpétré par Édouard Brierre contre ses enfants.
« Corancez, petit village au sud de Chartres ne se différenciant en rien de ceux de Beauce, a ses maisons assez rapprochées les unes des autres, au long de la route de Chartres à Dammarie. (…)
D’aspect plutôt pauvre, ce village abrite cependant une population dans l’aisance, vivant exclusivement de l’exploitation de ses terres assez fertiles du reste.
Une vicinalité très bien entretenue facilite l’accès des terres comme les transports des denrées aux gares et particulièrement à Chartres. Très morcelée, la terre est cultivée plutôt par de moyennes et petites cultures que par grandes exploitations.
La commune est administrée depuis quelques années par le sympathique M. Théophile Martin qui détient lui-même une de ces petites fermes.
Il y a une école que dirige avec beaucoup de zèle, le successeur du regretté Rousseau, Mr Hubert. La population y est excessivement paisible, active et économe comme le sont du reste celles qui s’adonnent aux travaux de l’agriculture.
Il a fallu un drame aussi épouvantable que celui dont nous parlons aujourd’hui pour qu’on puisse lui trouver une histoire… »

La pierre Saint Martin

La pierre Saint-Martin (ou Puits ou encore Pinte de Saint-Martin)
Corancez peut s’enorgueillir de posséder l’un des plus beaux polissoirs de France.

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Un héritage de la préhistoire

Au début du Néolithique, période qui s’écoula approximativement entre -5000 et -2500 avant Jésus-Christ, les hommes commencèrent à pratiquer l’agriculture et l’élevage. Ce nouveau mode de subsistance les obligeant à se fixer, des communautés paysannes s’installèrent dans notre région. Parallèlement à cette révolution, de nouvelles techniques apparurent comme le tissage, la poterie et le polissage des pierres. Ce dernier phénomène technologique fut d’ailleurs à l’origine du terme Néolithique qui sous-entend “âge de la pierre polie”. Cette période fut également marquée par l’apparition et l’expansion du mégalithisme, c’est-à-dire l’emploi de grosses pierres dans la construction de sépultures collectives – les dolmens- ou l’érection de stèles verticales -les menhirs- dont les fonctions demeurent encore inconnues. Le réemploi de certains polissoirs dans la construction de dolmens et la présence de haches polies dans ces derniers intègrent les polissoirs dans l’étude du mégalithisme. Le Puits de Saint-Martin est ainsi l’un de ces mégalithes préhistoriques qui existent encore dans les champs.


Polissoirs, polissage et haches polies

Pour façonner leurs haches, les Néolithiques usaient des ébauches taillées par frottement sur de grosses pierres dures en grès ou en roches cristallines affleurant sur le sol que l’on appelle maintenant polissoirs. Cette technique provoquait l’usure réciproque de la hache et du bloc rocheux, laissant sur celui-ci des marques profondes appelées rainures ou cuvettes selon l’opération effectuée. Un mouvement alternatif ample permettait de façonner les tranches de la hache et déterminait les longues rainures, alors que les faces étaient obtenues par des mouvements circulaires et de balancement de l’ébauche créant des cuvettes. Selon des expériences récentes, le polissage d’une hache ne demandait que quelques heures. L’abrasion pouvait être améliorée par adjonction de sable, d’eau voire même de poudre de calcaire pour obtenir un beau lustré de finition. Elles permirent également de constater que l’usure du bloc rocheux était relativement rapide, impliquant l’existence de très nombreux polissoirs pour assurer notamment l’énorme production de haches polies recueillies dans notre région. Face à cette déduction, on ne peut qu’imaginer l’importante destruction de ces ateliers.


Le polissoir de Corancez

À mille mètres de la sortie du village en empruntant la rue… du polissoir, sur la gauche de la route menant de Corancez à Vovelles, à presque une centaine de mètres dans le champ, gît une grosse pierre plate de 5,30m de long sur 2,20m de large dépassant à peine du sol et relevée vers l’est, c’est le Puits ou la Pinte de Saint-Martin, un des plus beaux polissoirs d’Eure-et-Loir.
Comme la plupart de ses homologues du département, le Puits de Saint-Martin est un gros bloc de grès sparnacien, variété de grès quartzite légèrement rosé et très dur. Cette roche abondait dans les environs de Chartres où elle était désignée sous le nom de ladère.

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Le Puits de Saint-Martin présente à lui seul 33 rainures et 8 cuvettes, ce qui est considérable, réparties en trois zones de travail distinctes. À l’ouest, se trouve un important groupe de petites rainures et de cuvettes orientées Nord-Sud sauf 4 rainures parallèles au bord Sud. Au milieu, le bord Nord est occupé par un ensemble de 9 rainures. Enfin le groupe situé au Nord-est parait le plus intéressant avec 3 cuvettes mais surtout ses rainures très longues atteignent parfois 80cm. La longueur exceptionnelle de ces dernières laissent imaginer une technique de polissage bien particulière avec des mouvements de grande amplitude semblables à ceux de scieurs de long : l’ébauche étant maintenue dans la mortaise d’une pièce de bois alourdie par une charge, l’ensemble serait actionné par deux hommes, mais ce n’est qu’une hypothèse. Enfin notons au centre du polissoir la présence d’une grande cavité naturelle d’une soixantaine de centimètres de diamètre et d’une dizaine de centimètres de profondeur propre à conserver de l’eau pendant plusieurs jours après une averse. Cette cavité qui permettait de disposer d’eau sur place pour lier l’abrasif ou simplement nettoyer les pièces, est intimement liée à l’appellation de « puits » du monument.
D’autre part, sa position actuelle dans un environnement géologique calcaire dénote et suggère fortement un transport de cette pierre. Elle pourrait donc avoir eu une autre fonction. On pense à celle de sépulture sous dalle, où le polissoir ou le bloc rocheux initial aurait été utilisé pour recouvrir une inhumation simple.

Ce polissoir fut classé Monument Historique en 1887 et se trouve sur un terrain appartenant à la Société Préhistorique Française.

 Corancez, bulletin municipal n°4, avec l’aimable autorisation de Jean-Luc RENAUD, article de février 1993, comité archéologique d’Eure et Loir.

L’église Saint Laurent

L’église Saint Laurent de Corancez 

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Dans la nuit du 4 au 5 août 1938, un incendie allumé par la foudre a dévasté l’église de Corancez, Charpente, lambris, mobilier, tout ce qui était combustible a disparu en quelques heures, et seuls les murs sont restés. Néanmoins, elle est un témoignage, non dénué d’intérêt, de l’histoire de la commune. Depuis la loi de séparation de l’Église et de l’État républicain de 1905, les édifices religieux sont devenus propriété des communes, qui sont tenues d’en assurer l’entretien. L’église de Corancez est donc un bâtiment communal.
Ce qui suit montre certains aspects architecturaux de l’église actuelle, et s’efforce de retracer les différentes étapes de sa construction. Ce texte peut aussi être utilisé pour une éventuelle visite détaillée de l’édifice.
L’église de Corancez appartient à ce qu’on pourrait appeler, dans notre région, la deuxième génération d’églises rurales, c’est-à-dire qu’elle est du nombre de ces églises de pierre qui ont remplacé, à l’époque romane, les primitives églises de bois dont il n’est rien resté. Sa construction, abstraction faite des parties plus récentes telles que la tour, remonte vraisemblablement au Xllème siècle.
Le plan primitif paraît avoir comporté trois travées carrées, mesurant environ 6 mètres de côté, délimitées par des contreforts, et formant une nef unique terminée par une abside semi-circulaire orientée à l’est.
Les murs latéraux ne sont pas parallèles : la largeur intérieure, qui est de 6m 80 au revers de la façade ouest, n’est plus que de 6m 20 à la naissance du chevet. La première travée est à peu près carrée. Hauts de près de 6 m, et épais d’environ 75 cm, les murs sont en maçonnerie de cailloux, mais les contreforts, les entourages des baies et la corniche sont en pierres taillées et appareillées, provenant sans doute des carrières de Berchères. Les murs sont épaulés par des contreforts, dont neuf appartenaient à la construction primitive : deux à chacun des angles de la façade occidentale, les deux qui séparent la première travée de la seconde, et trois à l’abside.
C’est sans doute au XVIéme siècle que les murs latéraux ont été renforcés par des contreforts qui n’appartiennent pas à la construction primitive ; on en remarque un au nord et deux au sud ; l’escalier de la tour été collé à l’un d’eux.
Quant aux fenêtres, quatre seulement n’ont pas été remaniées : celle qui surmonte le portait principal, les deux premières à gauche et la seconde à droite. Elles sont de petite taille, caractéristiques d’une construction de type roman. À l’usage, sans doute trouva-t-on rapidement la bâtisse trop peu éclairée. Parmi les fenêtres remaniées, il en est deux qui paraissent avoir été agrandies dès le Xllème siècle : la première et la troisième du côté sud. Cinq autres – les trois du chevet ; une, au sud, entre la tour et l’abside ; une du côté nord, vers le milieu de l’édifice – datent, dans leur état actuel, d’une époque beaucoup plus tardive, peut-être la première moitié du XVIème siècle. Ces cinq fenêtres, dont trois sont aujourd’hui bouchées totalement ou en partie, sont reconnaissables à leur forme en arc brisé et à leur mouluration intérieure et extérieure. Elles ont certainement été divisées par un meneau, (traverse de pierre)
Une porte latérale, du côté sud, donne accès dans l’église. Elle s’ouvre, dans la première travée, au-dessous de la seule fenêtre qui, de ce côté n’ait pas été remaniée. Sans aucun ornement, cette porte est recouverte d’un linteau surmonté d’un arc de décharge. Elle était naguère précédée d’un petit porche qui avait l’avantage de protéger contre les intempéries. Ce porche a disparu vers 1912.
Le portail principal, dans la façade ouest, comporte un arc en plein-cintre, sans tympan, supporté par deux colonnes dont les fûts sont logés dans des angles rentrants. Les chapiteaux de ces colonnes, d’une grande simplicité, sont les seuls éléments sculptés de tout l’édifice. Dans le tableau du jambage de gauche s’ouvre une profonde cavité ; elle servait à loger une forte barre de bois, de section carrée qui, une fois tirée et engagée par une de ses extrémités dans une cavité semblable, mais moins profonde, ménagée dans le jambage de droite, maintenait les vantaux solidement fermés.
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C’est l’examen de ce portail qui permet de dater avec une certaine précision l’église de Corancez : sans doute au cours du second quart du Xllème siècle, soit entre 1125 et 1150. C’est alors le règne de Louis VII le Pieux, auquel succédera le plus connu Philippe Auguste.
En bas du mur, à gauche du portail se trouve une borne topographique indiquant l’altitude du lieu : 109 m
La plupart de nos églises ont été agrandies dans les dernières années du XVème siècle ou au cours de la première moitié du XVIème. Celle de Corancez a reçu deux additions : une chapelle latérale, au nord, aujourd’hui disparue, et, au sud, une tour, de construction massive.
Seuls deux grands arcs murés témoignent de l’existence de la chapelle, dont seuls des sondages dans le sol du cimetière pourraient faire connaître les dimensions exactes. Il est possible qu’elle ait été voûtée ; on remarque, en effet, dans le mur formant aujourd’hui la paroi extérieure de l’église, des demi-colonnes qui s’arrêtent à une hauteur qui correspondrait aux retombées de la voûte supposée. Du côté intérieur, des colonnes semblables montent jusqu’au sommet du mur. Lorsque la chapelle a été démolie, on a ménagé une fenêtre dans le sommet de l’arc le plus éloigné du chevet, et une autre fenêtre, plus petite, aujourd’hui murée, dans le sommet de l’autre arc.
La tour est une belle construction de la première moitié du XVIème siècle, élevée hors d’œuvre, du côté sud. Épaulée par de puissants contreforts, elle est bâtie selon un plan carré ; une tourelle d’escalier lui est accolée sur sa face ouest. Elle comprend deux étages. Le rez-de-chaussée, qui, jusqu’à l’incendie de 1938, servait de sacristie, forme une salle couverte d’une voûte sur croisée d’ogives, dont les nervures ont un profil usuel à la fin de l’époque gothique ; cette salle est éclairée par deux fenêtres en plein cintre, et un grand arc, de même tracé, la fait communiquer avec l’église. L’escalier conduit au premier étage, éclairé seulement par de petites baies rectangulaires. C’est là que se trouvait le beffroi où était suspendue la cloche. Avant l’incendie, il y avait au-dessus un comble en forme de hache, couvert d’ardoises, avec des lucarnes et une crête ajourée complétée par deux épis dont l’un portait la croix et le coq traditionnel. Ce comble datait seulement de 1902 ; il en avait remplacé un autre, beaucoup plus simple, dont les deux versants tournés vers l’est et vers l’ouest, avaient une couverture en tuiles, et dont les deux pignons étaient formés par des cloisons en colombage et maçonnerie légère. L’église actuelle ressemble beaucoup à cela.
On peut se rendre compte que la tour, même avant d’être décapitée par l’incendie, n’était pas terminée selon ce que prévoyait le projet primitif. L’étage supérieur, très peu ajouré, n’était sans doute pas destiné aux cloches. Par ailleurs, il est certain que l’architecte ne prévoyait pas d’élever la tour plus haut car les contreforts s’arrêtent un peu au-dessous du bandeau qui surmonte les murs.
Un procès-verbal du chapitre de la cathédrale du 23 juin 1738 indique que le sol de la nef possédait à cette époque un dallage en pierre de taille. Le chœur comportait de grands carreaux hexagonaux. Aujourd’hui, l’ensemble est pourvu d’un carrelage ordinaire, blanc et rouge. Seule la nef a conservé son vieux dallage de pierre.
Les pierres tombales marquées d’une croix, dont quelques-unes sont encore visibles, témoignent de l’ancien usage, qui a persisté jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, d’inhumer dans les églises. Ces inhumations, cependant, paraissent avoir été exceptionnelles. Depuis 1715, date des plus anciens registres de Corancez, jusqu’à 1790, plus de trois cents inhumations ont été faites dans le cimetière, huit seulement dans l’église. Voici la liste de ces inhumations :
10 septembre 1731 : François-Constant de Brilhac, fils de-Nicolas-Claude de Brilhac, seigneur de Corancez, décédé sur la paroisse de Ver. On sait par le registre de l’église de Ver qu’il était âgé d’environ 10 mois.
17 janvier 1721 : Michelle Fauve, âgée d’environ 18 ans.
13 février 1740 : Marie Fauve, âgée d’environ 33 ans.
22 novembre 1745 : Décès de la « vénérable et discrète personne messire François Christophle »,curé de Corancez, âgé d’environ 57 ans, inhumé le lendemain dans le chœur de l’église.
2 février 1752 : Jean-Jacques Challet, laboureur, âgé d’environ 57 ans, inhumé dans la nef.
29 avril 1757 : Philippe Jouin, laboureur, âgé d’environ 45 ans, inhumé dans la nef.
17 janvier 1703 : François Naille, de Villebourg (diocèse de Tours), « passant mort soudainement, toutefois muni du sacrement de l’extrême-onction, inhumé dans le bas de la nef.
4 janvier 1783, « Maître René-Marie-Antoine Longuet », dernier curé décédé à Corancez avant la révolution, âgé de 52 ans ou environ ; inhumé dans le chœur. Un morceau de son épitaphe a servi à réparer la marche de l’entrée du chœur, du côté de la tour.
Les fenêtres romanes primitives, très étroites, ouvertes très haut au-dessus du sol, n’étaient sans doute pas destinées à être vitrées. Si l’église a possédé d’anciens vitraux de caractère artistique – beaucoup d’églises rurales en ont reçu au XVIème siècle – il n’en restait rien en 1853, un rapport des ponts et chaussées n’y signalait que des vitrages en losanges blancs. Depuis, trois fenêtres -les deux fenêtres restées ouvertes de l’abside et la grande fenêtre du côté nord – avaient reçu des grisailles avec filets et bordures de couleur, mais l’incendie de 1938 les a détruites.
Une modification apportée vers la fin du moyen âge aux églises dépourvues de voûtes en pierre a été le remplacement des combles primitifs par de nouveaux combles, plus aigus que les précédents, et lambrissés intérieurement. On sait que l’église de Corancez a possédé une charpente exécutée, en deux campagnes de travaux, entre le 25 juin 1519 et le 28 février 1521, par te charpentier chartrain Jehan Proust.
La charpente du chœur était ornée de sculptures. On y voyait le soleil, la lune et les étoiles, un gril, instrument de supplice du patron de l’église, Saint Laurent, des grappes de raisin et des gerbes de blé. On y voyait les instruments de la Passion : fouet, couronne d’épines, clous, marteau, tenailles, etc. ainsi que des instruments aratoires. Tout cela a bien sûr disparu lors de l’incendie de 1938.
Les inventaires de l’époque révolutionnaire conservés aux Archives départementales d’Eure-et-Loir nous font connaître en quoi consistait alors le mobilier de l’église. Celui-ci n’avait rien de somptueux, conforme à l’ordinaire d’une petite paroisse rurale.
Les objets d’argent (calice, patène, ostensoir, ciboire, custode…), furent portés au bureau des Domaines nationaux du directoire du district de Chartres le 28 nivôse an II (12 janvier 1794), tout comme les ustensiles de cuivre et l’une des cloches, Parmi les objets qui restèrent « dans la ci-devant église de Corancez » renommée pendant la période révolutionnaire « temple de la raison », certains existaient encore lors de l’incendie : la chaire, quelques boiseries ou les fonts baptismaux, lesquels étaient très détériorés. L’autel détruit tors de l’incendie datait du milieu du XIXème.

Le crime de Corancez

En 1901 eut lieu à Corancez un des faits divers les plus retentissants du XXème siècle. 

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Dans la nuit du dimanche 21 au lundi 22 avril 1901, furent sauvagement assassinés à coups de marteau les cinq enfants Brierre, âgés de quatre à seize ans. Leur père Édouard Brierre, quarante-quatre ans, veuf depuis trois ans, était grièvement blessé par plusieurs coups de couteau lorsqu’on découvrit le drame. Même Ravachol, le chien de la famille, avait été tué. Dans un premier temps, le vol apparut comme le mobile du crime, car Brierre déclara qu’on lui avait dérobé mille cinq cent quatre-vingts francs, une forte somme à l’époque.

Très vite, les soupçons se portèrent vers Brierre lui-même lorsque les enquêteurs apprirent qu’il désirait épouser une femme de Corancez avec qui il avait une liaison, laquelle lui avait déclaré la veille du crime qu’elle « n’épouserait jamais un homme qui avait six enfants » (une des filles, âgée de quatorze ans était employée chez une tante à Paris) De plus, il ne put expliquer de nombreux faits troublants qui finirent par l’accabler.

Brierre fut jugé et condamné à mort le 23 décembre 1901 par la cour d’assises de Chartres bien qu’il n’ait cessé de clamer son innocence.

Des doutes sur sa culpabilité subsistaient néanmoins, et le Président de la République, Émile Loubet commua la peine capitale en travaux forcés à perpétuité le 1er février 1902. Il fut envoyé au bagne, en Guyane, où il mourut le 28 mars 1910.

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